Sophie Béroud est une politiste, docteur en science politique de l’Institut d’Études politiques de Paris. Elle est au LEST dans le cadre d’une délégation CNRS jusqu’au 31 août 2017.
Dans le cadre de cette année de délégation CNRS, elle est engagée sur deux projets.
Manuel de Sociologie politique du syndicalisme
Le premier est la rédaction d’un manuel de Sociologie politique du syndicalisme, à paraître chez Armand Colin.
Ils y travaillent avec Baptiste Giraud et Karel Yon (CERAPS, CNRS). Leur objectif dans cet ouvrage consiste à rendre compte à la fois des enjeux de structuration du syndicalisme, des pratiques syndicales, mais aussi des logiques d’engagement à partir d’outils conceptuels de la sociologie politique, en faisant ainsi dialoguer le domaine des relations professionnelles et celui de l’action collective. Ils doivent livrer le manuscrit au printemps 2017.
Recherche sur les relations de travail et la syndicalisation dans le secteur de l’hébergement au Québec, en France et en Espagne
Son deuxième projet est une nouvelle recherche empirique, menée de façon comparée avec deux collègues sociologues, Catherine Vincent (IRES) et Louise Bovin (UQO, Québec) sur les relations de travail et la syndicalisation dans le secteur de l’hébergement au Québec, en France et en Espagne. L’équipe de recherche ainsi définie pourrait s’élargir, en intégrant d’autres collègues en poste au Québec (Elsa Galerand), de l’IRES (Christelle Meilland) et du LEST (Cristina Nizzoli).
Ils ont pu mener un premier terrain en juillet 2016 dans la région de Montréal à l’occasion d’une grève dans une trentaine de résidences pour personnes âgées. L’observation sur le terrain de cette grève, avec obligation de service continu pour l’ensemble des salariés, leur a permis de cerner l’intrication entre différentes dimensions :
- La première de ces dimensions est le fait qu’il s’agit de relations de services et de soins auprès de personnes âgées : cette emprise du care pesant sur la façon d’envisager les possibles de l’action collective.
- La deuxième dimension est la prise en compte de l’intersectionnalité des rapports de domination : avec un salariat fortement féminisé (en particulier pour les personnels d’entretien et les aides soignantes), ayant souvent connu des trajectoires migratoires. La façon dont ces rapports de domination traversent l’organisation syndicale et le travail militant les intéresse tout particulièrement.
- Enfin, ils souhaitent aussi comprendre la structuration même du secteur, la façon dont l’enjeu de la prise en charge de la dépendance et de la vieillesse est dit dans le secteur public et dans le secteur privé.
Après un premier terrain au Québec, ils vont mener une deuxième phase de l’enquête en France au printemps 2017. Louise Boivin effectue, en effet, un séjour de recherche en France de quatre mois. Elle présentera d’ailleurs ces travaux – sa thèse portait sur l’aide à domicile – en mars au LEST. Leur objectif est de réaliser des entretiens avec des responsables de fédérations syndicales qui suivent ce secteur (fédérations de la santé, fédérations des services publics pour les EPHAD relevant des collectivités territoriales), puis d’identifier plusieurs cas d’étude pertinents au niveau local avec différentes formes de mobilisations de salariés (sur différents enjeux dont la qualité du service rendu, mais aussi les conditions de travail, les relations avec la hiérarchie, avec les usagers, etc.).
Avec Catherine Vincent, ils investiront un troisième terrain, en Espagne, en s’appuyant sur des travaux sur le syndicalisme et les relations professionnelles qu’elles ont pu mener l’une et l’autre dans ce pays. Là encore, il s’agira de comprendre la structuration du secteur de l’hébergement des personnes âgées (public / privé – groupes économiques dominants), de rassembler des données sur la syndicalisation dans ces secteurs et sur la structuration syndicale (quelles fédérations ? Quelles mises en commun ?) et d’étudier le type de démarches syndicales et d’actions collectives qui y sont menées. Elles pensent mener ces recherches dans la région de Madrid, mais aussi éventuellement au Pays Basque où elles ont des contacts.
Ce troisième terrain sera pour Sophie Béroud l’occasion d’approfondir les recherches qu’elle avait commencé à mener en Espagne sur les mobilisations syndicales dans le contexte de crise économique et de faire le lien avec mes travaux sur la précarité du travail.
Enfin, le fait de mener cette recherche de façon comparative les conduit bien sûr à réfléchir, dans la lignée des travaux menés au sein du LEST, aux conditions rendant possible cette comparaison et à aux opérations de conceptualisation (avec des systèmes de relations professionnelles très différents) qui permettent de la mener à bien.