Flora Bajard dans le n°13 de Cultural Sociology

Sociologue au LEST, elle publie « The Unfinished Artification of Ceramics in France : Reversing Stigma and Creating a New Artistic Norm » (L’artification inachevée de la céramique en France : retournement du stigmate et création d’une nouvelle norme artistique) en libre accès sur le site de Sage.

Résumé

Dans la seconde moitié du XXe siècle en France, les céramistes d’art sont apparus en tant que groupe professionnel en France par la mise à distance des normes de la céramique industrielle, et en basant leur pratique sur la notion de singularité. Ils se sont en même temps réappropriés l’héritage artisanal des petites entreprises de poterie qui ont commencé à disparaître dans les années 1940, en faisant perdurer certains principes tels que la sérialité et la fonctionnalité, et en définissant un ensemble spécifique de tâches propres au métier. Les céramistes sont donc soumis à un processus d’artification partielle, rendant leur pratique incompatible tant avec ce qui définit institutionnellement et légalement l’art, ainsi qu’avec l’artisanat dans ses formes plus classiques (métiers de bouche, du bâtiment, etc.). Certains céramistes d’art contestent dès lors les logiques de classement culturel appliquées par les décideurs politiques, qui excluent généralement les métiers d’art du champ d’action des politiques culturelles artistiques. Pour revendiquer la reconnaissance du caractère composite de leur pratique, ils ont recours aux tribunaux pour créer de nouvelles normes juridiques, et ils s’efforcent également d’élargir la définition de l’art. L’article démontre donc comment les relations de pouvoir au sein d’un groupe professionnel, et entre le groupe et les organismes étatiques, contribuent à produire les définitions institutionnelles de l’art.

L’article sur le site de l’éditeur [en]

Article Lundi 02 septembre 2019

Auteur

Dans Cultural Sociology
Édition Sage journals

Résumé

Dans la seconde moitié du XXe siècle en France, les céramistes d'art sont apparus en tant que groupe professionnel en France par la mise à distance des normes de la céramique industrielle, et en basant leur pratique sur la notion de singularité. Ils se sont en même temps réappropriés l'héritage artisanal des petites entreprises de poterie qui ont commencé à disparaître dans les années 1940, en faisant perdurer certains principes tels que la sérialité et la fonctionnalité, et en définissant un ensemble spécifique de tâches propres au métier. Les céramistes sont donc soumis à un processus d'artification partielle, rendant leur pratique incompatible tant avec ce qui définit institutionnellement et légalement l'art, ainsi qu'avec l'artisanat dans ses formes plus classiques (métiers de bouche, du bâtiment, etc.). Certains céramistes d'art contestent dès lors les logiques de classement culturel appliquées par les décideurs politiques, qui excluent généralement les métiers d'art du champ d'action des politiques culturelles artistiques. Pour revendiquer la reconnaissance du caractère composite de leur pratique, ils ont recours aux tribunaux pour créer de nouvelles normes juridiques, et ils s'efforcent également d'élargir la définition de l'art. L'article démontre donc comment les relations de pouvoir au sein d'un groupe professionnel, et entre le groupe et les organismes étatiques, contribuent à produire les définitions institutionnelles de l'art.

DOI : doi.org/10.1177/1749975519852828