Évolution des trajectoires professionnelles des descendants d’immigrés

Une étude sur les inégalités de trajectoires professionnelles 

Quel destin professionnel attend les jeunes issus de l’immigration une fois leurs études terminées ? L’étude d’Ingrid Tucci (CNRS, LEST) et Yaël Brinbaum (LISE, CNAM), à partir des enquêtes Génération du Céreq, récemment publiée dans la revue Formation Emploi, s’appuie sur les enquêtes Génération du Céreq et compare sur deux décennies l’évolution des parcours professionnels des descendants d’immigrés, notamment originaires du Maghreb et des jeunes sans ascendance migratoire.  


Des trajectoires professionnelles divergentes  
Les chercheuses suivent des individus sortis de formation initiale en 1998 et 2010, avec un focus sur l’évolution de leurs trajectoires professionnelles les 10 premières années qui suivent leur entrée sur le marché du travail.
Le constat est sans appel : les descendants d’immigrés du Maghreb rencontrent de plus grandes difficultés d’insertion que leurs pairs non issus de l’immigration. Ils accèdent moins fréquemment aux contrats à durée indéterminée et restent plus longtemps en emploi précaire ou en situation de chômage.

Une dynamique aggravée dans le temps
L’un des apports majeurs de l’étude réside dans la comparaison des cohortes de 1998 et de 2010, séparées par la crise de 2008. Les inégalités, loin de s’atténuer avec les années, se creusent. L’allongement des périodes de précarité pour les descendants d’immigrés est plus marqué dans la cohorte de sortants de formation initiale en 2010, révélant une détérioration des conditions d’insertion dans un contexte de mutations économiques et dans un climat social tendu dans la période post-attentats.    

Des résultats qui interrogent la promesse républicaine

Les résultats montrent que certains jeunes sont plus vulnérables que d’autres, notamment ceux qui sont exposés au risque de discrimination à cause de leur couleur de peau, de leur origine ou de leur religion supposée. Au-delà des chiffres, cette recherche met en lumière un enjeu fondamental pour la société française : l’égalité des chances est-elle réellement garantie quand les origines sociales et migratoires continuent de peser si lourdement sur les parcours professionnels ?
Loin d’être un simple constat académique, cette étude résonne avec les débats contemporains sur la cohésion sociale, les discriminations ethno-raciales et les politiques publiques en matière de formation et d’emploi.  


Une lecture indispensable pour comprendre les dynamiques sociales à l’œuvre

Ce travail s’inscrit pleinement dans les missions du LEST (Laboratoire d’Économie et de Sociologie du Travail), qui analyse depuis plus de 40 ans les transformations du travail, de l’emploi et des parcours professionnels. Il illustre l’importance des recherches empiriques pour nourrir les débats de société.


L’article est accessible en ligne dans la revue Formation Emploi : Consulter l’étude sur OpenEdition