Anouck Smolski Brun

Titre de la thèse : Expositions professionnelles dans le secteur agricole et modalités du (non)recours au droit à la reconnaissance en maladie professionnelle – une étude à partir du cas des travailleurs saisonniers marocains en contrat OFII.

Direction : Sylvie Monchatre (CMW), Frédéric Décosse (LEST)

Mots clés : Santé au travail / cancers professionnels / agriculture intensive / contrats OFII / migration de travail / travail saisonnier / Maroc / Oujda / Avignon / GISCOP 84 / 

Résumé : Ce projet de thèse CNRS est sous-tendu par une dynamique de recherche similaire et complémentaire à celle du GISCOP 84 (Groupement d’Intérêt Scientifique sur les Cancers d’Origine Professionnelle dans le Vaucluse) dont l’enquête permanente s’emploie à révéler l’origine professionnelle des hémopathies malignes diagnostiqués chez les patients du CHU d’Avignon. Ces pathologies sont connues pour être induites par des expositions à des substances toxiques, mais la primauté accordée aux facteurs comportementaux et environnementaux tend à invisibiliser la responsabilité des facteurs d’exposition professionnelle dans la survenue de ces cancers. Pourtant, il est désormais attesté que les pathologies cancéreuses sont des affections socialement inégalitaires qui, proportionnellement, touchent dix fois plus les ouvriers que les cadres. Partant de ce constat, et étant donné l’importance du secteur agricole en France, cette thèse vise à enquêter sur les expositions cancérogènes professionnelles subies par l’une des franges la plus précaire du salariat agricole, celle des saisonniers marocains sous contrat OFII (Office Française de l’Immigration et de l’Intégration). Cette recherche se décompose en trois grands volets : le premier s’effectuera au Maroc - sous la tutelle du centre Jacques Berque de Rabat et en collaboration avec le CHU d’Oujda - et sera consacré à la compréhension et à l’objectivation des difficultés que posent les procédures de reconnaissance en maladie professionnelle pour les saisonniers agricoles rentrés au pays à l’issue de leur carrière en France. Le second, pendant du premier, sera consacré à étudier les relations qu’entretiennent les institutions de protection sociale du sud-est de la France avec les saisonniers agricoles marocains, qui constituent une population de travailleurs difficiles à suivre, notamment eu égard son caractère allogène, précaire, mobile et invisibilisée. Finalement, le dernier volet de cette recherche est conçu pour étudier, dans une perspective ethnographique, les recompositions identitaires, personnelles et familiales, induites par la migration de travail saisonnière particulière qu’est celle effectuée sous contrat OFII, et par la survenue, dans ce contexte, d’un cancer d’origine professionnelle.