Hélène SEILER-JUILLERET
Sociologie
Mes recherches relèvent de la sociohistoire de la culture et des professions, et portent sur le sous-champ de l’édition des sciences humaines et sociales (SHS).
Ma thèse, soutenue en 2020 à l’EHESS, était consacrée aux positionnements des éditeur·ices de SHS face à l’enjeu numérique. Lors de ce travail, j’ai mis en lumière comment ces professionnels du livre ont réagi face à l’imminence d’une transition technique, économique et culturelle, laquelle s’est réfractée sur l’ensemble de leurs pratiques, outils et environnements de travail. Ce sont non seulement les usages socio-professionnels et techniques qui se sont modifiés mais aussi la répartition du travail qui prévalait dans la chaîne du livre papier. De telles transformations ont ainsi impacté les domaines d’expertise et les relations que les groupes professionnels du livre entretenaient entre eux. Sous ces conditions, des corps de métiers ont disparu tandis que d’autres se sont transformés en adoptant l’informatique puis le numérique grâce à la mobilisation de certaines ressources techniques et scolaires mais aussi en vertu de l’autonomie professionnelle et du pouvoir décisionnel dont ils jouissaient. De même, au moment où des coopérations interprofessionnelles s’étiolaient, de nouvelles collaborations apparaissaient.
En parallèle de ma recherche doctorale, j’ai mené plusieurs enquêtes sur le champ de production des biens culturels et de l’édition ainsi que sur les professions culturelles. Les thématiques portaient sur la circulation internationale des SHS (Institut français puis ERC-InTERCO), les manifestations littéraires (Le MOTif) et le rapport des écrivain·es à l’édition numérique (Le MOTif-EHESS).
Actuellement, je conduis une recherche postdoctorale, dans le cadre de la bourse de recherche Olivier-Corpet (IMEC), sur l’évolution de l’interprofession dans le milieu du livre depuis les années 1980 en étudiant les initiatives menées en ce sens mais aussi en portant la focale sur les pratiques socio-professionnelles et les discours des acteurs impliqués dans ces projets. L’enjeu de cette recherche socio-historique est de mettre en lumière le rôle que les éditeurs ont pu jouer dans l’histoire de l’interprofession, et d’interroger la façon dont leurs interventions ont pu modeler ou impacter ce phénomène.
Enfin, je suis également éditrice en sciences humaines et sociales depuis une dizaine d’années. J’ai ainsi occupé des fonctions de coordinatrice (Editions de l’EHESS, Dictionnaire international Bourdieu [CNRS Editions, 2020]), d’éditrice multi-supports (Ecole des chartes, Politika.io) et de responsable éditoriale (Université de Lille, Editions du Nid-de-pie).