Thèse de Léa Guichard

ED355 Espaces Cultures Sociétés

La prostitution des mineur·es : la pratique d'un travail rémunéré illégal au regard des trajectoires scolaires et biographiques

par Léa Guichard

Sous la direction de Thierry Berthet CNRS - LEST & Claire Bidart LEST - CNRS

En cours  -

Résumé

Cette recherche doctorale s'inscrit dans le programme de recherche ANR sur le « Travail des lycéen·nes et trajectoires scolaires », piloté par deux laboratoires de recherche du CNRS : le Laboratoire d'Économie et de Sociologie du Travail à Aix-en-Provence, et le Centre Emile Durkheim à Bordeaux. L'ambition est d'éclairer un phénomène social encore mal connu en France, le travail rétribué des lycéen·nes, d'en mesurer l'ampleur et d'en analyser les conséquences sur les parcours des élèves. Le travail est entendu au sens large, prenant en compte le travail formel, informel mais aussi les activités illégales, dont la prostitution. 

La prostitution des mineur·es, principalement des jeunes filles, s'intensifie depuis quelques années, en particulier, le « proxénétisme des cités » qui se déploierait de plus en plus aux portes des écoles dans les quartiers d'habitat social. Ce terme médiatique « comprend le risque de stigmatiser une certaine population et revêt une réelle imprécision : on ne sait pas si la référence à la « cité » désigne l'origine des personnes impliquées ou le lieu d'exercice » (Lavaud-Lengendre, 2023). À ce jour, il n'y a pas de lien qui soit établi entre pratique de la prostitution et certains territoires, et « la pauvreté n'explique pas à elle seule la prostitution, même si elle y contribue. Il convient donc de ne pas réduire la prostitution des mineures aux seuls quartiers politique de la ville » (Gaudillat, 2022). 

Ainsi, l'objectif de cette recherche est d'explorer les conditions dans lesquelles des adolescentes s'engagent dans l'exercice d'activités prostitutionnelles, en identifiant et analysant les facteurs de vulnérabilités (âge, genre, situation socio-économique et familiale, territoire, scolarité) qui structurent les parcours prostitutionnels juvéniles. Une attention particulière sera portée aux relations (amicales, amoureuses, scolaires…) qui influencent ce parcours prostitutionnel (entrée, maintien, sortie). Cette enquête entend également étudier les impacts de la prostitution sur les parcours scolaires et personnels des jeunes, à travers les conséquences de la conciliation travail-études (CTE) – et plus particulièrement de la conciliation prostitution-études – sur les inégalités de trajectoires scolaires et biographiques des élèves. 

La population cible de cette thèse est constituée de jeunes filles mineures, âgées de 13 à 18 ans, scolarisées dans des collèges et lycées (publics et privés) qui dispensent un enseignement général, technologique ou professionnel. Les établissements, relevant à la fois de l'éducation prioritaire et « ordinaire », sont situés dans deux régions académiques : SUD-PACA et Nouvelle Aquitaine. Le public enquêté s'étendra aux populations en situation de décrochage scolaire, et pris en charge par des dispositifs de la protection de l'enfance. La recherche sera menée dans des zones métropolitaines (quartiers prioritaires et quartiers favorisés) et des zones rurales afin d'étudier la variable territoriale. Une analyse de l'accompagnement proposé par les acteurs publics sera également menée. La focale sera mise sur l'institution scolaire et les différents personnels socio-éducatifs qui peuvent jouer un rôle dans le repérage des situations de prostitution. Les relations partenariales avec les autres acteurs spécialisés dans la prise en charge des mineur·es en situation de prostitution (protection judiciaire de la jeunesse, aide sociale à l'enfance, associations…) seront également étudiées.

Mots clés
Prostitution ; Éducation ;  Politique de la ville ; Rapport sociaux de genre, de classe, de race ; Trajectoires scolaires