Conventions de qualité et régimes d’action publique
comment comprendre les mutations du système marocain d’éducation et de formation
Auteur
Édition De Boeck Supérieur
Éducation & Sociétés 2017/2 n°40 « Vingt ans après : la sociologie de l’éducation et de la formation francophone dans un univers globalisé ».
Cette analyse de politiques d’éducation et de formation met en évidence plusieurs conventions de qualité reposant sur des compromis sociétaux entre des conceptions du bien commun liées à l’histoire de chaque pays et soumises à des épreuves qui interrogent leur cohérence et leur performance. Au Maroc, sous l’égide d’un État développeur et planificateur, un “vocationalisme intégré” hybride une tradition académique héritée de la colonisation française et une tentative inaboutie d’implantation d’une convention d’inspiration néo-corporatiste : formation en alternance, etc. La légitimité de la formation professionnelle reste limitée, ce qui favorise la massification de l’enseignement supérieur, dont, pourtant, une large part des diplômés est confrontée au chômage et au déclassement.
Ces difficultés donnent prise à une régulation marchande qui se traduit par l’essor d’une offre privée censée être plus efficace. Le risque est celui de la prééminence d’une régulation concurrentielle où la formation des jeunes en tant que bien commun s’efface sous l’effet des stratégies individuelles et la recherche de rentes sociales. L’image de l’école véhiculée par le sens commun est celle d’une institution en crise, cible de critiques qui lui imputent toutes les autres crises : celle de l’économie, parce qu’elle ne qualifierait pas les apprenants pour le marché de l’emploi, celle de la culture, car elle ne renforcerait pas le civisme parmi les jeunes générations et celle de la société, parce qu’elle aurait failli à sa mission éducative de former un citoyen responsable.
DOI : 10.3917/es.040.0073