A “Hijacked Salaried Status” in French Cooperatives of Freelance Workers: The Political Meaning of Shifts Between Standard and Non-standard Employment

Cet article examine un sous-type spécifique d'emploi atypique - le travail indépendant - à travers un genre particulier de coopérative en France : les Coopératives d'Activité et d'Emploi (CAE), c'est-à-dire des collectifs de travailleurs indépendants. Les CAE visent à fournir un contrat de travail à durée indéterminée - et la protection sociale qui y est associée - à ces personnes, qui deviennent ainsi des "entrepreneurs salariés". Afin de mieux comprendre les zones grises du travail, où le statut juridique, les pratiques et les identités sont souvent décorrélés, cette enquête s'appuie sur une approche qualitative des pratiques de ces acteurs sociaux. Elle montre à un niveau méso comment, dans une démarche émancipatrice, les CAE "détournent" le contrat de travail salarié standard, l'entrainant ainsi dans une forme d'emploi atypique. Outre ce premier glissement entre le cadre juridique et son interprétation, un deuxième glissement se produit lorsque chaque membre de la coopérative - un travailleur autonome qui est donc un "faux salarié" - développe un rapport singulier aux contraintes liées à un tel contrat. Grâce à la notion de "praxis", qui combine les dimensions objectives et subjectives du travail, nous sommes en mesure de systématiser l'analyse des données qualitatives et d'identifier les facteurs qui influencent une telle diversité d'appropriations : le rapport à la conflictualité et la compétence politique. Cet article met en évidence les conditions dans lesquelles les acteurs sociaux déploient une large gamme d'appropriations des cadres juridiques communs, dont la flexibilité invite à considérer les relations de travail comme des pratiques variantes et créatives, plutôt que comme des formes qui seraient ou "parfaites" ou "déviantes".

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