Coop In & Out
L’impulsion coopérative des SCOP-SCIC : le potentiel de diffusion de la coopération interne aux relations entre organisations
ANR
septembre 2015 - septembre 2018
Ce programme de recherche COOP-in-AND-out est centré sur les entreprises en Scop (société coopérative et participative) et Scic (société coopérative d’intérêt collectif), qui ont comme particularité commune d’être « à participation de salariés ». Cela signifie que les salariés, également sociétaires, participent activement à la vie de l’entreprise et aux décisions la concernant, contrairement aux entreprises capitalistes « classiques ».
Notre questionnement porte sur les liens de cette gouvernance interne particulière avec les formes de relations entre ce type d’entreprises et les parties prenantes externes. La coopération interne, caractéristique des Scop et Scic, se retrouve-t-elle aussi au niveau de leurs relations externes ? On peut le présumer compte tenu de l’observation d’une « inter-coopération » privilégiée entre elles et de leur ancrage territorial fort, témoignant de rapports spécifiques avec certaines parties prenantes externes. Cela nous amènera à nous interroger également sur les effets structurants sur les dynamiques productives, en particulier territoriales, de la coopération mise en œuvre par ce type d’entreprises.
Mieux comprendre comment sont co-déterminés les modes de relation entre les parties prenantes internes et externes est important au-delà du cas des Scop et Scic. Cette problématique répond à des enjeux primordiaux pour l’ensemble du système productif dans le contexte des mutations actuelles : d’une part, la « dés-intégration » de l’entreprise met au premier plan la question des relations inter-entreprises ; d’autre part, l’émergence d’une « économie de la connaissance » rend crucial l’établissement d’un mode coopératif de coordination pour les entreprises, tant en interne qu’en externe.
Le cadre adopté de la théorie néo-institutionnaliste des organisations est cohérent avec cette problématique d’une possible « impulsion coopérative » des Scop et Scic au sein des systèmes productifs. Il amène à considérer ce type d’entreprises comme des agents potentiels d’un « travail institutionnel » de transformation, tout en reconnaissant les forces institutionnelles d’« isomorphisme » auxquelles elles sont soumises. Un effet en retour des logiques non coopératives sur la gouvernance interne est aussi à envisager.
L’équipe des 11 chercheurs mobilisés par ce programme est constituée autour de 3 pôles géographiques, Grenoble, Lyon, Aix-Marseille, facilitant ainsi un travail de terrain décentralisé [1]. La pluridisciplinarité qu’on y rencontre est le gage de compétences complémentaires et adopte une posture analytique socio-économique, en s’inscrivant plus précisément dans un cadre théorique « institutionnaliste ». De plus, la plupart des membres de cette équipe sont intégrés à des réseaux de recherche sur l’ESS et ont déjà mené ensemble des études dans ce champ.
Le programme de travail est prévu en trois phases : la première visera à mener une réflexion sur les outils d’évaluation de la coopération interne et externes des entreprises avec, comme horizon, l’élaboration d’un « indicateur synthétique de coopération » [2] . Cette réflexion partira d’une appréhension très générale de la coopération comme une coordination autour d’un « bien commun » déclinée selon les relations abordées. La seconde phase consistera à utiliser ces outils d’évaluation pour mener une étude empirique, avec une observation croisée de Scop et Scic et des systèmes productifs auxquels elles se rattachent. Une cartographie des réseaux d’appartenance des cas étudiés en sera un des produits finaux. Enfin, la troisième phase partira des résultats de ces études de cas pour construire une typologie des modes d’intégration des Scop et Scic au système productif à l’aune du degré de coopération.
Le programme COOP-in-AND-out doit déboucher sur trois grands produits finaux qui concrétiseront les apports attendus de la recherche :
- Un mode d’évaluation du degré de coopération interne aux Scop pouvant hypothétiquement donner lieu à une mesure quantitative. Nous nous situerons dans un travail en amont de la construction d’un « indicateur synthétique de coopération » qui constituera l’hoHervrizon de notre démarche.
- Une cartographie analytique des relations avec les parties prenantes externes visualisant les réseaux ou méta-organisations dans lesquels s’insèrent les Scop et Scic. Nous utiliserons un logiciel d’analyse des réseaux afin de rendre visibles les liens, et leur nature, entre ce type d’entreprises et les autres acteurs des systèmes productifs.
- Une typologie des modes d’intégration dans les systèmes productifs des Scop et Scic à partir des caractéristiques de la coopération mise en œuvre aux niveaux internes et externes. Nous constituerons ainsi des idéaux-types à partir desquels des transpositions à un niveau plus général seront possibles.
Coordinateur du projet :
Hervé Charmettant (Centre de recherche en économie de Grenoble)
Partenaires
- Boissin Olivier (Creg)
- Charmettant Hervé (Creg)
- Dubrion Benjamin (Triangle)
- Hirczak Maud (Lest)
- Juban Jean-Yves (Cerag)
- Magne Nathalie (Triangle)
- Paulin Jean-François (Cercrid)
- Pettrella Francesca (Lest)
- Puissant Emmanuelle (Creg)
- Yvan Renou (Creg)
- Richez-Battesti Nadine (Lest)
[1] Nous parlons plus loin de 4 « territoires d’étude » car l’équipe du pôle grenoblois aura à charge deux d’entre eux.
[2] Cet horizon nous semble cependant inatteignable dans le cadre de ce programme de recherche. Voir III.