Journée d'études - Discriminations en milieux scolaire et professionnel
Jeudi 5 mai 2022
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LEST, En ligne
Alessandro Bergamaschi, Ingrid Tucci
Journée d'études - Discriminations en milieux scolaire et professionnel : expériences individuelles et logiques systémiques
Les discriminations représentent une thématique centrale de nos jours dans l’agenda des sciences sociales et nombreux sont les travaux qui font désormais le constat d’une société traversée par des formes de discrimination diverses. Au niveau international, l’actualité des discriminations est confirmée par une méta-analyse récente, menée dans 30 pays, qui souligne que la France est le pays où la discrimination en lien avec l’origine migratoire est la plus forte (Quillian et al. 2019). En France, les discriminations sont travaillées au moyen de méthodes variées. Certains travaux montrent, à partir d’enquête de testing, l’ampleur de la discrimination émanant d’employeurs (Beauregard, 2021 ; Cédiey & Foroni 2007 ; Berson, 2013 ; Petit et al., 2016), d’autres s’intéressent à l’expérience et au ressenti des discriminations, à partir de données quantitatives ou qualitatives (Fassin & Fassin, 2006 ; Eckert & Primon, 2011 ; Dubet, Cousin, Rui & Macé, 2013 ; Safi & Simon, 2013 ; Talpin et al. 2021). D’autres encore approchent la question des discriminations par l’analyse des inégalités entre la population majoritaire et les populations de différentes origines migratoires à l’école ou sur le marché du travail (p.ex. Felouzis et al. 2015 et Ichou, 2018 ; p.ex. Brinbaum & Guégnard, 2012 et Meurs, 2017). Enfin, depuis quelques années, des études sur les discriminations qui s’inscrivent dans le paradigme de l’interculturalité (Zapata-Barrero, 2015) centrent leur attention sur la dimension individuelle. La lutte contre les discriminations, notamment en milieu scolaire, se fait alors en promouvant des connaissances, des valeurs et des contextes d’interaction qui permettent aux individus de bâtir des relations génératrices de lien social, abstraction faite de leurs appartenances particulières.
Les discriminations font partie des questions socio-éducatives parfois qualifiées de « questions vives ». La formation des enseignants en France a d’ailleurs commencé à s’ouvrir à cette question transversale à l’école et la société. Cette dynamique va de pair avec les préconisations les plus actuelles qui suggèrent d’inscrire la réflexivité dans la formation des enseignant.es (Wentzel, 2012). L’objectif est de leur permettre de prendre le plus de recul possible par rapport à leurs pratiques quotidiennes afin de les ajuster en fonction des spécificités des situations. La suggestion d’adosser la formation des enseignant.es aux recherches menées sur le terrain (Sembel, 2021) est une piste que nous estimons utile et que nous envisageons de suivre dans le cadre de ces journées.
Le constat des discriminations dans les milieux scolaire et professionnel appelle à poursuivre l’analyse et les échanges interdisciplinaires autour de ce fait social afin de croiser les logiques sociales, groupales et individuelles. C’est dans le cadre de ces orientations que des chercheurs·ses du LEST et de l’URMIS organisent, en partenariat avec Sfere, ces deux demi-journées d’études pluridisciplinaires (sociologie, économie, sciences de l’éducation), rassemblant des interventions de chercheurs·ses confirmé·es et de doctorant·es de ces laboratoires. Ces demi-journées d’études visent à échanger sur les discriminations comme mécanisme central dans la construction des inégalités en faisant varier les échelles d’observation et en plaçant la focale 1) sur l’école et 2) sur le marché du travail. Ainsi cette journée d’études entend placer la question des discriminations, de la « gestion de la diversité » et de l’altérisation au centre des échanges.