RFS 2022

5e Congrès du Réseau francophone de sociolinguistique (RFS) 2022

Congrès

RFS 2022

 

 

   5e Congrès du Réseau Francophone de Sociolinguistique

La sociolinguistique, à quoi ça sert ? Sens, impact, professionnalisation

Aix-en-Provence, 13-16 décembre 2022

En 2002 (Paris III) et 2003 (Paris V) se tenaient des Journées Jeunes chercheurs : Applications et implications en sciences du langage, donnant lieu à une publication (Léglise, I., Canut, E., Desmet, I., & Garric, N., 2006) dont toute une section est consacrée à la sociolinguistique. En 2007, le Congrès du RFS qui se déroulait à Amiens sur le thème « Intervenir : appliquer, s’impliquer ? » portait en grande partie sur le traitement épistémologique de l’intervention, confrontant pratique scientifique et engagement citoyen (Pierozak, I., & Eloy, J.M., 2009) et interrogeait la tension entre application et implication. Une décennie plus tard, le paysage du monde et de la recherche nous incite à proposer une thématique qui s’inscrit dans la lignée de ces initiatives et s’appuie sur leurs apports, en s’attelant à la question du sens et de l’impact de nos recherches, pour paraphraser le titre d’une publication plus récente sur le sujet (Lawson, R., & Sayers, D., 2016). En effet, si les spécialistes de sociolinguistique peuvent être convaincu·es de la pertinence de leur champ au sein des sciences sociales (même si de nombreuses questions de frontières ou de passerelles académiques demeurent ; voir Gasquet-Cyrus 2012 ; Duchêne 2017), la mesure de « l’impact » des recherches reste en grande partie à établir. Au-delà de la description de pratiques langagières situées, de l’analyse de conflits linguistiques ou de la construction d’un discours critique (Boutet 2017) qui nous apportent des connaissances solides sur les dynamiques sociolinguistiques, dans quelle mesure et à quel degré ces travaux contribuent-ils à changer des situations sur le terrain social ? Et dans quelle mesure les sociolinguistes peuvent-ils parfois être acteurs/actrices de ces changements ? En 2017, à l’occasion des 40 ans de la revue Langage & société, la journée d’étude « Langues, langages et discours en sociétés » accueillait une table ronde « Questions de recherche, questions sociales » qui posait des questions similaires auxquelles il devient urgent de répondre concrètement.

Ce congrès invitera les sociolinguistes à questionner l’impact concret de leurs travaux dans un monde où le libéralisme économique imprime un type de rapport entre l’individu et la société, où le versant linguistique de la mondialisation donne à voir des « flux et reflux linguistiques » (Calvet, L.J., 2017), où le développement des moyens de communication redéfinit les espaces et les dynamiques identitaires, et où, surtout, des millions de personnes sont déplacées contre leur gré dans des territoires marqués par la montée de nationalismes et les crispations identitaires, le tout dans un contexte global de crise climatique majeure. Il permettra de montrer en quoi ces « nouveaux » terrains peuvent conduire à l’émergence de nouveaux paradigmes ou à l’aménagement de conceptions déjà rodées. Ces questionnements épistémologiques et théoriques nourriront un axe praxéologique assumé, et in fine, on pourra essayer d’identifier et de valoriser des trajectoires professionnelles, existantes ou à inventer.

 

Ce congrès travaillera suivant trois axes :

 
1.  Un axe épistémologique

A l’échelle planétaire et à des degrés divers selon les aires géographiques, les réformes universitaires, les politiques de recherche d’orientation libérale et le financement par appels à projets conduisent à la concurrence entre les équipes, les laboratoires, les universités, à une quête de rentabilité, d’applications directes, de « résultats », de débouchés économiques ainsi qu’à la précarisation massive de chercheurs et de chercheuses. L’agenda « social » de la sociolinguistique (Hymes 1974 affirmait que la linguistique devait œuvrer « au dépassement des nombreuses inégalités de langage » et « pour le bien-être de l’humanité ») est-il remis en question ou fragilisé par ces reconfigurations politiques, économiques et académiques ?

Cet axe interroge la place de la sociolinguistique dans le champ de la recherche. Comment se positionne la discipline par rapport à la prééminence récente, aussi bien dans les sphères scientifiques que dans les débats publics, de certains champs comme les neurosciences (neurolinguistique) et les sciences cognitives (linguistique cognitive) et par rapport à la prééminence de certaines thématiques telles que les big data, les humanités numériques, ou l’intelligence artificielle ? Les postures, les discours, les intentions des sociolinguistes ont-ils récemment changé par rapport à cette cartographie du paysage scientifique ? Leurs cadres épistémologiques ont-ils évolué avec cette forme de concurrence avec d’autres paradigmes ?


2. Un axe théorique

La sociolinguistique au 21e siècle s’est développée sur des terrains variés en lien avec la mondialisation et la marchandisation/commodification des langues, avec la migration et le contact ou encore, établissant des ponts avec l’analyse de discours, autour des questions de genre, de discriminations, de violences, de post-colonialisme ou décolonialisme, etc. Comment la sociolinguistique s’est-elle emparée de ces terrains ? Ont-ils permis de développer ou d’aborder de « nouveaux » paradigmes ou concepts (globalisation, agentivité, translanguaging, metrolingualism, superdiversité, glottophobie, racialisation…) ou d’en revisiter de plus anciens (diglossie, insécurité, discrimination, domination…) ?

Cet axe invite à remettre sur le métier les concepts et les notions éprouvés de la sociolinguistique ; il invite aussi, dans une approche critique, à l’analyse de l’ancrage idéologique de nos outils, à leur adaptabilité aux enjeux sociaux actuels, et à leur opérationnalité.


3. Un axe praxéologique

Il s’agit d’identifier des champs au-delà de la discipline qui sont, pourraient ou devraient être concernés par la sociolinguistique : éducation, santé, justice, police, médias, économie, écologie, sciences politiques, arts, etc. Les questionnements peuvent être à la fois rétrospectifs (en établissant des bilans), conjoncturels (qu’est-ce qui se fait actuellement ?) et prospectifs (qu’est-ce qui pourrait être fait ?). Pour tous les domaines cités (et d’autres sans doute oubliés), on s’interrogera sur l’impact des travaux en sociolinguistique. Quel bilan peut être fait d’éventuelles interactions entre les recherches sociolinguistiques et ces domaines ? Dans quelle mesure la sociolinguistique peut-elle développer des applications, des implications ou des expertises dans ces domaines ?

Une attention particulière sera accordée à la vulgarisation des recherches en sociolinguistique et à sa diffusion auprès d’un public élargi grâce à des supports contemporains (vidéos, podcasts…) ou à l’action de sociolinguistes avec des partenaires publics ou privés, institutionnels ou associatifs.

Enfin, dans cet axe, des réflexions seront proposées sur la professionnalisation du domaine. La spécialisation/certification en sociolinguistique (master, doctorat) ou les compétences en sociolinguistique mentionnées dans les référentiels de l’enseignement supérieur (dans le cadre généralisée de l’« approche par compétences ») permettent-elles l’accès à certains emplois, à certains métiers, et si oui lesquels ? Existe-t-il une sociolinguistique appliquée / applicative bien identifiée, et si oui dans quels secteurs ? Quels partenariats pourraient être poursuivis / créés afin de permettre à des perspectives sociolinguistiques d’enrichir les actions dans différents domaines ? Des certifications diplômantes en sociolinguistique pourraient-elles être envisagées pour répondre à des besoins éventuels ? Quels parcours professionnels pourraient être valorisés, encouragés ou créés afin que les nombreux et nombreuses étudiant·es qui suivent avec envie et passion des cours de sociolinguistique puissent poursuivre leur formation en vue d’intégrer des emplois dans lesquels la sociolinguistique occupe une place importante ?

Les communications attendues (en sociolinguistique, analyse de discours, anthropologie linguistique…) pourront s’inscrire dans une ou plusieurs des thématiques suivantes (liste non exhaustive) :

  •     Sociolinguistique et justice/police (droits linguistiques, forensic linguistics,traduction/interprétariat…)
  •     Sociolinguistique et santé (interactions et communications médicales, discours sur la santé…)
  •     Sociolinguistique et éducation (variation, enseignement des langues, politiques linguistiques…)
  •     Sociolinguistique et travail (part langagière, pouvoir, normes…)
  •     Sociolinguistique et médias (analyse des discours politiques et médiatiques, diversité…)
  •     Sociolinguistique et enjeux écologiques (écolinguistique, analyse de discours…)
  •     Activisme (socio)linguistique et politiques linguistiques (militantisme, expertise, participation à des programmes de planification linguistique…)
  •     Sociolinguistique à destination du grand public (vulgarisation, médiation scientifique, expertise…)
  •     Sociolinguistique et arts (arts plastiques, littérature, théâtre, arts corporels performances…)
  •     Globalisation, diversité linguistique et contacts
  •     Sociolinguistique et engagement citoyen
  •     Sociolinguistique et univers numériques (intelligence artificielle, deep-learning, applications, synthèse vocale, logiciels de reconnaissance, avatars, humanités numériques…)
  •     …

 

Références

Boutet, J. (2017). « La pensée critique dans la sociolinguistique en France », Langage et société 2017/2 (N° 160-161), p. 23-42.

Calvet, L.-J. (2017). « Ce que la mondialisation fait aux langues
Entretien avec Louis-Jean Calvet », propos recueillis par A. Quéré, Sciences Humaines n° 295, août-septembre.

Duchêne, A. (2017). « Sciences sociales et sociolinguistique : disciplines, alternatives, conversations et critiques », Langage et société 2017/2 (N° 160-161), p. 43-58.

Gasquet-Cyrus, M. (2012), « Des théories sociolinguistiques à une théorie du langage : lectures d’Henri Meschonnic », Cahiers de Linguistique, 38/2, p. 89- 110.

Hymes, D. (1974), Foundations in Sociolinguistics: an Ethnographic approach, Philadelphie, University of Pennsylvania Press.

Lawson, R. et Sayers, D. (2016), Sociolinguistic Research : Application and impact, Routledge.

Léglise, I., Canut, E., Desmet, Desmet, I. et Garric, N. (2006). Applications et implications en sciences du langage, Paris, L’Harmattan.

Pierozak, I. et Éloy, J.-M., (dirs) (2009). Intervenir : appliquer, s’impliquer ?, Paris, L’Harmattan, coll. Espaces discursifs.

 

Modalités de soumission

La gestion du congrés (dépôt de propositions, retour des évaluations, inscriptions, programme…) passe par une plateforme dédiée :

https://rfs2022.sciencesconf.org

Propositions de communication : les propositions de communication seront d’une longueur de 300 mots maximum.

Les évaluations privilégieront les propositions qui entrent pleinement dans la thématique du congrés et qui mettent l’accent sur l’impact concret de travaux sociolinguistiques. Les communications à plusieurs voix et/ou impliquant des collaborations avec des professionnel·les ou acteurs/actrices d’autres domaines que la sociolinguistique seront très appréciées.

Panels : les panels seront composés de 3 à 4 plages de 30 minutes, qui incluent la présentation et la période de discussion, pour une durée totale de 2h (ces plages peuvent inclure : des communications, des répondants et un temps de discussion avec la salle). Les organisateurs devront envoyer le descriptif du panel (300 mots maximum) et les résumés des communications individuelles (300 mots maximum).

Les propositions seront sélectionnées par le comité scientifique (double évaluation anonyme).

 

Frais d’inscription

Informations détaillées à venir sur la plateforme.

 

Calendrier

    15 avril 2022 : réception des propositions
    Juin 2022 : rendu des évaluations
    Juillet 2022 : validation définitive des communications acceptées
    Août 2022 : ouverture des inscriptions
    13 décembre 2022 : atelier doctoral
    14-16 décembre 2022 : 5e Congrès du RFS


Le congrès est organisé par le laboratoire LEST, soutenu par Aix-Marseille Université, le Centre National de la Recherche Scientifique CNRS, le laboratoire LPL, le Centre Norbert Elias, la délégation générale à la langue française et aux langues de France (DGLFLF) du ministère de la Culture, la ville de Marseille et l'association Oustau de Prouvènço.

 

Comité scientifique

Carmen Alén Garabato (Univ. Paul Valéry Montpellier 3), Michelle Auzanneau (Univ. Paris Cité), Olivier Baude (Univ. Paris Nanterre), Philippe Blanchet (Univ. Rennes 2), Annette Boudreau (Univ. Moncton), Raja Bouziri (Univ. Carthage), Aude Bretegnier (Le Mans Univ.), Maria Candea (Univ. Sorbonne Nouvelle - Paris 3), Arnaud Carpooran (Univ. Maurice), Romain Colonna (Univ. Corse), James Costa (Univ. Sorbonne Nouvelle - Paris 3), Marc Debono (Univ. Tours), Mamadou Drame (Univ. Cheikh Anta Diop Dakar), Alexandre Duchêne (Univ.Fribourg), Valentin Feussi (Univ. Angers), Gilles Forlot (INALCO Paris), Médéric Gasquet-Cyrus (LPL, AMU), Jean-Michel Géa (Univ. Corse), Luca Greco (Univ. Lorraine), Philippe Hambye (Univ. catholique Louvain), Monica Heller (Univ. Toronto), Manon Him-Aquilli (Univ. Franche-Comté), Jonathan Kaastan (Univ. Westminster), Gaston Kengue (Univ. Dschang), Patricia Lamarre (Univ. Montréal), Mélanie Leblanc (Univ. Moncton), Marinette Matthey (Univ. Grenoble Alpes), Leïla Messaoudi, Claudine Moïse, Auguste Moussirou-Mouyama (Univ. Libreville), Evangelia Moussouri (Univ. Aristote Thessalonique), Kevin Petit Cahill (Univ. Clermont Auvergne), Bénédicte Pivot (Univ. Paul Valéry Montpellier 3), Gaëlle Planchenault (Simon Fraser Univ.), Alexei Prikhodkine (Univ. Genève), Vololona Randriamarotsimba (Univ. Antananarivo), Laurence Rosier (Univ. Libre Bruxelles), Lorella Sini (Univ. Pisa), Cyril Trimaille (Univ. Grenoble Alpes), Samuel Vernet (LPL, AMU), Sylvie Wharton (LEST, AMU), Adam Wilson (Univ. Lorraine), Anne-Christel Zeiter (Univ. Lausanne).


Comité d’organisation

Eiber Acosta-Gomez (LPL, AMU), Kristelle Barniaud (LEST, CNRS), Nathalie Besset (LEST, CNRS), Stéphanie Fonvielle (CNE, AMU), Médéric Gasquet-Cyrus (LPL, AMU), Laurent Giglio (LEST, CNRS), Amélie Leconte (LPL, AMU), Jocelyne Martinière Tesson (LEST, CNRS), Amaranta Pasquini (LEST, CNRS), Samuel Vernet (LPL, AMU), Philippe Vitale (LEST, AMU), Sylvie Wharton (LEST, AMU).

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