CFDT IRES

Employeurs et demandeurs d’emploi en activité : quelles relations, besoins et pratiques ?

Autre janvier 2015 - avril 2016

Coordination

Objet de recherche

Depuis le début des années 90, les politiques publiques d’emploi des pays de l’OCDE suivent une logique d’activation des dépenses passives en direction des chômeurs, cherchant à rendre plus attractif le retour à l’emploi. C’est ainsi qu’a été mis en place, en France en 1986, le mécanisme dit d’activité réduite, qui aspire à rendre incitatif le retour à l’emploi des demandeurs d’emploi, qu’ils perçoivent ou non une allocation de retour à l’emploi et à sécuriser leurs revenus. Depuis sa création, le nombre de demandeurs d’emploi en activité a fortement augmenté. Il a été multiplié par deux entre 1995 et 2011. Peu d’études éclairent la question des externalités produites par le régime lui-même et notamment l’appropriation par les individus et les entreprises de la connaissance de l’indemnisation du chômage. Le mécanisme de cumul pourrait-il contribuer au développement des formes flexibles d’emploi, en permettant aux employeurs de recruter une main d’œuvre à la fois disponible, peu coûteuse, et incitée à occuper ce type d’emplois ? Cette problématique reste un angle mort dans les études existantes et a motivé la réalisation de cette étude autour du rôle et de la place des employeurs dans ce phénomène croissant de reprise d’activité. Elle questionne un mécanisme d’intéressement à l’emploi pensé pour les demandeurs d’emploi sans réflexion sur la responsabilisation des entreprises. Existe-t-il un lien entre ce mécanisme et des pratiques de recrutement des entreprises ? Le développement des contrats courts trouve-t-il pour partie son origine dans la forme actuelle du régime d’assurance chômage ? Par ailleurs, le régime actuel de cumul allocation-salaire est-il à même de modifier l’acceptabilité de conditions d’emploi moins favorables pour les demandeurs d’emploi et in fine avoir un effet sur la qualité de l’emploi ?

 

Choix méthodologique

L’étude s’est appuyée sur une approche croisée « employeur-demandeur d’emploi en activité » dans quatre secteurs d’activité, fortement utilisateurs de contrats courts ou de contrats à temps partiels, et de postes peu qualifiés (aide à domicile, hôtellerie-restauration, commerce et intérim). La méthode repose sur une analyse de la littérature ainsi que sur des entretiens semi-directifs, auprès des différentes parties prenantes de la relation employeur-salarié et de l’intermédiation en emploi. Les employeurs ont été interrogés sur les difficultés et besoins de recrutement, sur leur connaissance du régime d’assurance chômage, leur niveau d’information sur les droits des demandeurs d’emploi ainsi que sur la situation sociale des candidats. Les demandeurs d’emploi en activité ont été conduits à s’exprimer sur leurs conditions de travail et d’emploi, la façon dont s’est déroulé leur entretien de recrutement, leur niveau de connaissance du régime, leurs droits, leurs rapports avec Pôle Emploi, et enfin leurs perspectives personnelles et professionnelles. Enfin, pour les agents du service public de l’emploi, il s’agissait de tester les éléments recueillis dans les entretiens précédents mais aussi de comprendre les besoins exprimés par les entreprises des secteurs d’activité de l’étude.

La première partie de l’étude présente la problématique en s’appuyant sur une revue de la littérature. La deuxième partie pose la méthode retenue, offre une description des secteurs d’activité retenus et explicite le questionnement adressé aux parties prenantes interviewés. La troisième partie est consacrée aux résultats des investigations de terrain, ainsi qu’aux pistes de réflexion qu’elles ont suscitées. Les représentations des entreprises face au recrutement permettent de mettre en débat les discours sur les besoins de stabilité, mais aussi de flexibilité. Les conditions de travail sont apparues être au cœur de l’étude, sujet sur lequel les entreprises ont beaucoup de difficultés à prendre du recul.

Équipe

Equipe Recherche

Institution

Coordinateur