Agroécologie: Séminaire ANR MetaOrgTrans

Le 10 juin à 14h00 nous aurons le plaisir d'écouter Gwendoline Promsopha (LEST, CNRS, Aix Marseille Univ) sur "Gestion des risques économiques et environnementaux par l’agroécologie : une étude de cas dans le Nord-Est de la Thaïlande" 

Résumé: L'économie du développement conceptualise l'agriculture comme divisée entre deux grands systèmes: l'agriculture traditionnelle, mieux adaptée aux contextes socio-écologiques locaux au prix de faibles rendements et faibles revenus pour les agriculteurs (systèmes extensifs), et l'agriculture intensive issue des révolutions vertes, censée augmenter drastiquement les rendements et revenus agricoles, au prix d'une prise de risque plus élevée (endettement pour accéder aux intrants et accéder aux économies d'échelle, variétés moins adaptées aux contextes socio-écologiques locaux). Il s'agit donc de deux modèles différents dans leur arbitrage risque-rendement. Si le premier modèle est pointé du doigt pour le maintien des agriculteurs dans la pauvreté et l'insécurité alimentaire chronique, le deuxième est lui arrivé à ses limites dans son impact environnemental et social : surendettement des agriculteurs, dégradation des sols, déforestation, pollution des cours d'eau etc. Dans cette présentation, nous interrogeons l'émergence d'un nouveau modèle agricole dans les pays en développement, l'agroécologie, permettant d'allier intensivité de la production agricole et adaptabilité aux contextes locaux. A partir d'une enquête qualitative exploratoire dans le Nord-Est de la Thaïlande, nous explorons les différents modèles existants d'agroécologie dans cette région, et tentons d'évaluer leur intensivité et résilience environnementale et sociale. Cette étude montre que l'agroécologie au sens large ne permet pas nécessairement de construire une agriculture intensive et résiliente, notamment dans le cadre de l'agriculture biologique ou portée par des initiatives gouvernementales. Les modèles d'agriculture intensive et résiliente se construisent par des initiatives collectives ou individuelles d'agriculteurs, dont la portée est réduite par l'absence de dispositifs institutionnels ou organisationnels adaptés.