Les sciences sociales jouent un rôle essentiel dans la compréhension du monde contemporain. Leur regard critique permet de déconstruire des évidences et d’interroger des croyances collectives. Mais cette fonction de démythification comporte un risque : celui de générer un certain désenchantement, voire une démobilisation, chez les chercheurs eux-mêmes comme chez leurs interlocuteurs.
Dans l'article publié en 2025 dans la revue Sociologie et sociétés (Érudit), Flora Bajard, sociologue et chargée de recherche CNRS au LEST, propose de dépasser cet écueil en réfléchissant aux postures que peuvent adopter les chercheurs en sciences sociales. Elle identifie plusieurs formes de démythification emblématiques en s’appuyant sur deux enquêtes menées sur des pratiques professionnelles au cours des quinze dernières années. Celles-ci révèlent la puissance critique des sciences sociales, mais invitent aussi à penser les effets que peut produire cette critique.
L’article distingue ensuite quatre postures épistémologiques, disposées sur un continuum : de l’objectivation scientifique classique jusqu’aux pratiques de co-recherche élaborant, avec les acteurs étudiés, de véritables leviers d’action. Cette approche permet de typologiser différents types de connaissances, qui ne se limitent pas à déconstruire mais contribuent également à nourrir des raisons d’espérer et d’agir.
Ainsi, cet article propose des voies pour faire des sciences sociales une pratique intellectuelle qui ouvre les possibles tout en cultivant l’exigence de scientificité.
📖 À lire : Flora Bajard, « Du désenchantement au possible. Cartographie d’épistémologies critiques et de connaissances mobilisatrices dans les sciences sociales », Sociologie et sociétés, vol. 55, n° 2, 2023.
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Vidéo (UPOP – 27 novembre 2023) : « Désenchantement de l’analyse critique : travail et utopies au prisme des sciences sociales », présentation par Flora Bajard, Université populaire de Marseille
