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La Migration des Jeunes Mineurs Africains vers l’Europe : transnationalisation et processus d’autonomisation précoce ?

JEM ANR décembre 2021 - décembre 2025

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La migration internationale des jeunes et mineurs autonomes (mineurs non accompagnés ou MNA en France), dont la mission « mineurs non accompagnés » (MMNA) souligne le flux continu et durable dans ses rapports depuis sa création en 2013, reste un objet difficile à classer scientifiquement et complexe à traiter politiquement. Comme le notait Sofia Laiz Moreira, « il s’agit d’un sujet migratoire complexe, qui présente des aspects divers et contradictoires dans une figure réunissant le concept de sujet de protection (l’enfant) et de sujet d’exclusion (l’étranger) » (Laiz M., 2012 : 63). Et le débat qui a fait suite à l’attentat terroriste commis à Paris en septembre dernier par un jeune migrant pris en charge dans le cadre de l’aide sociale à l’enfance est venu rappeler la difficile qualification de ce phénomène migratoire, les controverses et clichés qu’il soulève et son traitement par des politiques publiques qui oscillent en fonction des conjonctures entre la protection de l’enfance, la lutte contre la migration irrégulière, la délinquance et désormais le terrorisme. Le déplacement au Maroc, en décembre dernier, des ministres de l’intérieur et de la justice pour signer un accord bilatéral de reconduction (refoulement) des MNA vient souligner la politisation de ce sujet. La Mission Mineurs Non Accompagnés du ministère de la justice (MMNA) comptabilisait, en 2019, en France métropolitaine, près de 16 760 MNA pris en charge dont 61% provenaient de Guinée, Côte d’Ivoire et Mali, 95% étaient des garçons et près de 90% étaient âgés de plus de 15 ans (Doineau, Godefroy, 2017 ; MMNA, 2020). Mais ces chiffres sont à interpréter avec précaution car ils ne comprennent pas tous ceux et toutes celles qui échappent ou sont exclus du fait du seuil d’âge des dispositifs publics de prise en charge des MNA. Ces derniers sont livrés à eux-mêmes, vivant de l’aide de la société´ civile ou dans les campements de fortune avec l’espoir d’une installation en Europe après un long périple migratoire de plusieurs mois, voire plusieurs années qui a débuté pour certains d’entre eux/elles sur la côte Est ou la côte Ouest de l’Afrique et transité par la Mauritanie, la Libye, le Maroc ou la Tunisie.

Ce projet qui rassemble une équipe internationale et interdisciplinaire (composée de sociologues, géographes, anthropologues, économistes, linguistes, psychopathologues et politistes) a pour ambition de questionner l’expérience migratoire vécue de ces jeunes et ses effets, depuis la conception du projet migratoire dans les pays de départ jusqu’à l’arrivée dans les zones de transit ou d’installation. Notre approche du sujet vise à considérer ces migrations comme un processus qui imbrique des dimensions individuelles et des dimensions sociales.

Nous étudierons cette mobilité des mineurs provenant d’Afrique (du Nord, de l’Ouest et du Sahel) en prenant en compte la diversité des parcours depuis les pays de départ, de transit jusqu’aux pays d’installation. Nous questionnerons cette migration en tant que révélateur et vecteur d’un processus d’autonomisation des jeunes Africains. Par processus d’autonomisation, nous entendons observer l’expérience migratoire et analyser les formes précoces du « devenir adulte » que révèlent les raisons du départ du pays d’origine, que renforce le parcours migratoire et qu’institue ou contrarie l’installation dans les pays de destination.

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