Quelles caractéristiques des conditions de travail ont un impact sur la reconnaissance au travail ?
Le cas d’un centre hospitalier universitaire français
Auteur
Christophe Baret, Isabelle Recotillet, Cathel Kornig. Quelles caractéristiques des conditions de travail ont un impact sur la reconnaissance au travail ? Le cas d’un centre hospitalier universitaire français. Journal de gestion et d'économie de la santé, 2023, 40 (5-6), pp.398-417.
Résumé
En France, les personnels hospitaliers dénoncent depuis plusieurs années une dégradation de leurs conditions de travail dues aux restrictions budgétaires, aux sous effectifs et à l’accroissement des tâches administratives. Parallèlement, de nombreuses professions de santé réclament une meilleure reconnaissance de leur qualification et de la pénibilité de leur travail. Cela n’est pas nouveau, puisque ce sont en effet les infirmières qui, les premières, ont revendiqué une meilleure reconnaissance au travail pour professionnaliser leur métier, et ce, dès 1988 [1]. Peut-on mettre en évidence des relations entre les conditions de travail et la reconnaissance ?
En sciences de gestion, les travaux sur la reconnaissance ont principalement porté sur l’identification des pratiques de reconnaissance, ou de non-reconnaissance, et sur ses effets sur le comportement des salariés dans l’organisation. Peu de travaux traitent des facteurs qui ont une influence sur la reconnaissance. L’impact des transformations des conditions de travail est évoqué mais ne s’appuie pas sur des résultats empiriques. Dans cette recherche, nous retenons l’approche multidimensionnelle de la reconnaissance de Brun et Dugas [16] pour tester cinq hypothèses sur les relations entre certaines caractéristiques des conditions de travail et certaines dimensions de la reconnaissance sur la base de l’exploitation de 26 entretiens semi-directifs et d’un questionnaire administré dans un centre hospitalier universitaire français en 2018. Les conditions de travail ont une influence quasi similaire sur toutes les dimensions de la reconnaissance. L’autonomie dans le travail, le soutien de la hiérarchie et les moyens disponibles pour réaliser son travail sont les caractéristiques des conditions de travail qui ont la plus forte influence sur la reconnaissance. Sur un plan plus descriptif, les résultats montrent que les médecins, les personnels soignants et les personnels médico-techniques sont ceux qui expriment le plus grand déficit de reconnaissance. Parmi les 4 dimensions de la reconnaissance, c’est principalement celle de l’investissement au travail qui fait défaut.
Mots-clé
Reconnaissance au travail, Conditions de travail, Hôpital, Pratiques de reconnaissance
Abstract
In France, hospital staff have been denouncing for several years a deterioration in their working conditions due to budgetary restrictions, understaffing and the increase in administrative tasks. At the same time, many health professions are calling for better recognition of their qualifications and the arduous nature of their work. This is not new, since it was the nurses who were the first to claim better recognition at work and this, as early as 1988 [1]. Can we highlight the relationship between working conditions and recognition?
In management sciences, research on recognition has mainly focused on the identification of recognition practices, or non-recognition, and on its effects on the behavior of employees in the organization. Few studies deal with the factors that have an influence on recognition. The impact of changes in working conditions is mentioned but is not based on empirical results. In this research, we retain the multidimensional approach of recognition of Brun and Dugas [16] to test five hypotheses on the relationships between certain characteristics of working conditions and certain dimensions of recognition on the basis of the exploitation of 26 interviews and a questionnaire administered in a French university hospital center in 2018. Working conditions have a similar influence on all dimensions of recognition. Autonomy at work, support from the hierarchy and the means available to carry out one’s work are the characteristics of working conditions that have the strongest influence on recognition. On a more descriptive level, the results show that doctors, nursing staff and medical-technical staff are those who express the greatest lack of recognition.
Key-words
Recognition at Work, Working Conditions, Hospital, Recognition Practices
DOI : 10.54695