GTnum 2
Enseignement et apprentissage en situation hybride présentiel/distanciel : vers une réinvention de la forme scolaire ?
RINOREP
Autre
septembre 2020 - septembre 2023
Identifier, valoriser et pérenniser les usages pédagogiques des artefacts numériques mis en place lors de phase de distanciel subi.
L’objectif est d’analyser l’activité instrumentée (Rabardel & Waern, 2003), par des artefacts numériques (plateforme collaborative, ENT, environnement virtuel, immersif, technologie blockchain, ...), des acteurs (enseignants, élèves, parents, personnels d’encadrement et administratifs, collectivités, partenaires associatifs) dans un contexte de distanciel subi.
Quels impacts sur la forme scolaire traditionnelle et sur les acteurs impliqués, l’enseignant lui-même, les autres acteurs (parents, autres enseignants, la hiérarchie) et les élèves (le groupe classe et les individus) ? Comment capitaliser les expériences réalisées et dégager des pistes pour organiser le maintien dans l’usage de ces nouvelles pratiques numériques après cette période de distanciel subi ? Comment les artefacts numériques comme la blockhain, la classe virtuelle, les chaînes You Tube (...) permettent de capitaliser, valider et mutualiser les usages entre pairs ? En quoi et comment l’intégration de ces nouveaux usages formels et/ou informels pour faire face aux nouveaux défis éducatifs, mais également, sanitaires, environnementaux, sociaux et économiques va-t-elle transformer les pratiques d’enseignement et d’apprentissage ?
Il s’agit de comprendre comment les usages développés en urgence dans le contexte de confinement s’articulent avec ceux existants préalablement et peuvent être mis à profit pour s’ancrer, plus durablement et de façon pérenne, dans les processus d’enseignement-apprentissage (Ginestié & Tricot, 2013 ; Chatoney, Hérold & Laisney, 2020).
Dans cette optique, la recherche sera articulée selon quatre axes.
Axe 1 : Comprendre les enjeux de l’intégration du numérique subi dans le processus d’enseignement apprentissage et son impact sur la forme scolaire
Analyse de l’état de la recherche autour des questions liées aux usages des artefacts numériques (activité instrumentée, genèse instrumentale, Tpack, SAMR ...) et de l’impact de ces usages sur la relation pédagogique (Blandin, 2004 ; Barbot, Debon, & Glikman, 2006 ; Hamon, 2012), sur les approches pédagogiques (Benayed & Verreman, 2011), sur le temps didactique (Rinaudo, 2013) et le temps d’apprentissage (Vincke et al., 2013) sur l’organisation des savoirs (Gardiès & Fabre, 2015 ; Ahr et al., 2010 ; Varga, 2005), sur les règles de fonctionnement - contrat didactique - (Guichon & Koné, 2015), sur l’évaluation (Springer, 2013), sur l’environnement physique et matériel - conception et organisation des espaces physiques et virtuels - (Genevois & Poyet, 2010), sur l’environnement social et familial (Schaming & Marquet, 2019), sur l’environnement relationnel scolaire – collaboration- (Bruillard, 2011 ; Hanna & Charalampopoulou, 2019) et sur l’environnement institutionnel - programmes, examens, emploi du temps -, autrement dit sur la forme scolaire (Vincent, 2008).
Piste de travail : Recension des recherches scientifiques anglophones et francophones numériques et forme scolaire. Plusieurs publications scientifiques en cours de validation viendront alimenter l’état de la recherche consacré aux usages numériques des enseignants et des élèves à distance (Jouët, 2011 ; Peraya, 2011 ; Collin & Brotcorne, 2019), selon une perspective interdisciplinaire association les sciences de l’éducation et les sciences de l’information et de la communication.
Une première piste de recension interdisciplinaire portera sur l’analyse des distorsions que les usages intensifs du numérique pendant la pandémie ont introduit dans l’espace physique et social d’apprentissage caractérisant la forme scolaire. Pour comprendre ce phénomène et en tirer des enseignements, nous pourrons prendre appui sur les recherches théorisant à l’interface de différentes disciplines, les transformations de l’espace d’apprentissage à partir de l’appropriation par les enseignants et les élèves (ou étudiants) du numérique éducatif et de sa multimodalité (Rémon, 2016, Goodyear, 2020). De ce point de vue il conviendrait d’étudier les facteurs de performativité prenant en compte la relation entre les tâches et les propriétés des différents outils numériques (Tai-Kuei Yu et Tai-Yi Yu, 2010) et au-delà de différents types de plateformes numériques d’enseignement à distance 2D ou 3D (Privas-Bréauté, 2017, Gadille & Impedovo, 2020) intégrant différents outils (Ştefan & Gheorghiu, 2013).
Une deuxième piste de recension pourrait être développée sur la question de la transformation des pratiques et temporalités d’évaluation à partir de l’expérience des équipes pédagogiques vécue pendant la pandémie, en relation avec des processus d’acquisition des savoirs dans un enseignement à distance ou en format hybride. La littérature investie pour répondre dans l’interdisciplinarité à cette piste de recherche portera sur la relation entre modalités d’évaluation et modalités d’enseignement à distance, hybride ou en classe selon les dimensions de personnalisation et standardisation. La littérature sur la créativité enseignante individuelle et collective dans la mise en oeuvre de processus d’évaluation innovants (Hartnell-Young, 2017 ; Diambong et al., 2018) sera également investie.
Équipes pressenties : l’ensemble des partenaires impliqués.
Axe 2 : Analyser l’impact du distanciel subi sur les pratiques des enseignants et sur la forme scolaire
Analyse des usages pédagogiques du numérique pendant et après le confinement. Retour d’expériences des acteurs de terrain (enseignants, chefs d’établissement, parents, élèves ...). Clinique des usages du numérique.
Une première recherche menée dans le cadre de l’Observation des Usages numériques dans l’activité enseignante à distance à des fins de Formations1 (S. Gebeil, C. Félix, P. Martin, P.-A. Filippi) a permis de récolter, via un questionnaire, plus de 7000 réponses visant à documenter le travail des enseignants et des élèves dans le cadre de la continuité pédagogique pendant le confinement. A cela s’ajoute une dizaine d’entretiens cliniques consacrés aux usages du numérique également conduits dans ce cadre. L’analyse de ces résultats permettra de nourrir la réflexion engagée tout en visant à être complétée par le recueil de nouvelles données quantitatives ou qualitatives.
Piste de travail : Questionnaire et entretien ciblé avec les acteurs de terrain.
Livrable : Résultats du questionnaire et des entretiens sur l’activité des acteurs pendant et après le confinement (difficultés rencontrées, expériences conduites, ...). Publications scientifiques en attente d’expertise. Cette activité scientifique s’accompagne d’un travail de médiation scientifique déjà engagée via divers supports adressés au grand public (revue Santé & Travail par exemple), Carnet de recherche sur la plateforme Hypotheses.org.
Équipes pressenties : ADEF, TELEMMe, ACTE, BONHEURS.
Axe 3 : Co-construire avec les acteurs de terrains le réinvestissement des pratiques et des outils numériques développés pendant le confinement pour un usage réfléchi et adapté à la mise en place d’un apprentissage différencié des élèves (écoles, collèges, lycées, lycées professionnels, en ou hors réseaux d’éducation prioritaire ou en zone rurale).
Groupe de travail pluridisciplinaire et pluri-catégoriel. Atelier analyse de pratiques…
Élaborer des situations d’enseignement adaptées à l’usage du numérique distanciel ou hybride.
Équipes pressenties : ADEF, LINE, LEST, DRANE.
Axe 4 : Mise en oeuvre et évaluation
La démarche décentralisée sera certifiée par la technologie blockchain. La certification par la technologie blockchain permet de développer une approche technique facilitant la visibilité, la transparence et la sécurisation d’un référentiel commun d’acquisition et de suivi de compétences. Elle va au-delà du système classique d’Open Badge, centralisé en apportant une décentralisation et une souveraineté pour chaque porteur de badges. Le service implémenté s’appuie sur la blockchain Ethereum.
Par ailleurs, en offrant à chaque utilisateur la capacité de contrôler l’éventuel partage de ses données personnelles, ce sont des communautés d’utilisateurs de natures différentes (universités, entreprises, administrations publiques, etc.) qui pourront potentiellement bénéficier de ce système innovant.
Équipes pressenties : l’ensemble des partenaires impliqués.
1 Présentation du projet : https://madi.hypotheses.org/801, cité par Anne Chiardola, Ecole, numérique et confinement : enquêtes, questionnaires et premiers résultats, https://edunumrech.hypotheses.org/1850 (22/06/2020).