Psychologie, Technique, Travail : « La main pense », en hommage à Jean-Pierre Poitou

Journée d'études La main pense, en hommage à Jean-Pierre Poitou / Séminaire Permanent Travail, Temporalités, Technique

Vendredi 24 juin 2022
-

LEST, Salle 1

Animation Paul Bouffartigue, Caroline Lanciano, Claude Paraponaris

4e couverture progr

 

Matinée (9 h.-12 h. 30)

Ouverture (direction du Lest)

Danielle Bellan, Marie-France Bonnet et Monique Vion : « De la psychologie à l'anthropologie des connaissances : un parcours institutionnel et intellectuel » (1)

Trois collègues de Jean-Pierre Poitou explorent son parcours institutionnel et scientifique. La formation et les premiers travaux de Jean Pierre Poitou en psychologie sociale expérimentale  s’inscrivent dans le paysage intellectuel des années 1950 /1960  envahi par les  sciences humaines et submergé par la vague structuraliste. En quête de scientificité la psychologie, sociale et clinique, s’inscrit naturellement dans le contexte historique, politique et idéologique  de l’époque. Les travaux de Louis Althusser (1964 /1975) sur l’instance idéologique et le progrès des connaissances dans l’histoire  des sciences nouvelles dont la psychanalyse  sont l’arrière plan théorique  de  l’inflexion  de son travail de recherche à venir.

Danielle Bellan, Marie-France Bonnet et Monique Vion : « De la psychologie à l'anthropologie des connaissances : un parcours institutionnel et intellectuel » (2)

Cette seconde communication poursuit l’analyse du parcours de Jean-Pierre Poitou tout au long de sa carrière. Quelques références clefs du travail de JPP sont rappelées, significatives des axes fondamentaux de ses recherches, qui évoluent vers une globalisation en termes d‘anthropologie des connaissances. Le traceur offert par la revue Technologies Idéologies Pratiques, dont JPP fut le créateur et le Directeur sur vingt années, dessine dès 1979 sur des concepts théoriques annoncés un champ original d’investigation et une méthodologie novatrice. Au cœur des travaux du chercheur, les bouleversements liés à l’introduction de la Conception Assistée par Ordinateur constituent un terrain privilégié d’observation de l’objectivation des fonctions mentales. L’étude du geste technique, composante essentielle de l’intelligence humaine et de la mémoire technique, le rôle de la main, et singulièrement du dessin manuel, font l’objet d’investigations multiples.  Enfin, et c’est un paradoxe, Jean-Pierre Poitou, tenant d’une conception originale peu partagée de la psychologie, sera pourtant durant toute sa carrière un ardent défenseur de l’unité de la discipline.

Rigas Arvanitis et Dominique Vinck : « Créer une revue d’anthropologie des connaissances »

La transmission des savoirs était une préoccupation importante dans les travaux de JP Poitou. Il avait le souci de faire et de faire savoir. C ‘est tout naturellement qu’il avait créé une revue dont les initiales étaient le titre TIP- Technologies, Idéologies, Pratiques. Ces mots, tous au pluriel, marquent les différents objets d’intérêt pour JP Poitou. Les deux premiers numéros de la revue furent publiés en 1994 et 1995 sur des sujets à cette époque rares et novateurs (la diffusion des innovation et la transformation des sytèmes productifs). Après une interruption, la revue TIP devient en 1998  une revue annuelle. Les volumes sont ciblés sur des terrains étudiés par des chercheurs en sciences sociales  « de terrain » ou encore par des historiens de la mémoire.. JP Poitou parlait d’anthropologie pour qualifier cette observation multi-disciplinaire des pratiques de travail et de production. Que se soit sur les chantiers navals, dans les entreprises, dans la construction, dans les textes anciens, il voulait que sa revue reflète des champs nouveaux, au-delà des limites disciplinaires. Il avait ainsi sous-titré la revue T.I.P. "revue d’anthropologie des connaissances ». Autour des années 2000, alors qu’il venait de relancer la revue, JP cherchait aussi un nouveau rédacteur en chef.  C’est au travers de ces rencontres et de manière indépendante que Jean-Pierre a proposé aux auteurs de cette communication (Dominique Vinck et Rigas Arvanitis) mais aussi à Christian Brassac de reprendre la revue qui aujourd’hui est une des plus importante de ce vaste champ d’études qu’est l’études des processus sociaux de création et de diffusion des connaissances. Et à bien des égards, nous pouvons penser que nous avons véritablement perpétué sa volonté de multidisciplinarité dans l’étude des savoirs, des pratiques, des technologies et des objets techniques et certainement aussi des idéologies.

Après-midi (14 h.-17h.)

Roger Cornu : « Mais que fait donc l’abeille? Le désir et la volonté de comprendre »

Parler de Jean-Pierre Poitou en séparant le chercheur, l’artiste et le militant est, pour ma conception de la sociologie, impensable car on ne découpe pas une personnalité sociale en séparant le chercheur, l’artiste et le militant, mais on essaie de comprendre sa composition. C’est d’autant plus impossible pour parler de quelqu’un qui travaillait sur l’anthropologie des connaissances et pratiquait trois activités qui étaient des modes d’acquisition et de mise en œuvre de connaissances, la question restant de savoir comment ces trois modes se combinent. Les réponses possibles ne peuvent surgir que de l’analyse de situations concrètes où ces activités étaient en œuvre. Ayant rencontré Jean-Pierre lorsque nous étions étudiants et l’ayant fréquenté jusqu’à sa retraite, je vais essayer de contribuer, à travers quelques moments de nos rencontres, à la compréhension de son cheminement vers l’anthropologie des connaissances.

Alain C. Massabo : « Jean-Pierre Poitou ou "la main pense" ! »

Pour Jean-Pierre Poitou, une grande partie du savoir-faire (de l'intelligence ?) du modeleur, sa compréhension de la forme, se situait dans l'exécution de son geste. Comment capturer, transmettre voire enrichir ce savoir-faire ?
C'est probablement ce qu'il recherchait par sa contribution à des projets industriels relatifs à la Conception et Fabrication Assistée par Ordinateur (CFAO) : Un projet français - STEREO - en collaboration avec la société CISIGRAPH partiellement financé par le ministère de la recherche et de l'enseignement supérieur ; Deux projets européens - FIORES-II et Touch and Design (T'nD) comme partenaire d'un consortium.
Nous verrons comment d'une rencontre-interview - début des années 80 - dans le cadre d'une enquête sur la CFAO française qu'il conduisait, Jean-Pierre fut impliqué dans ces projets. Nous exposerons quels en étaient les objectifs, les contributions de Jean-Pierre et ses équipes (LPC pour FIORES-II, PsyCLE pour T'nD), ainsi que les résultats du point de vue d'un industriel. Le traceur offert par la revue Technologies Idéologies Pratiques, dont JPP fut le créateur, et le Directeur sur vingt années, dessine un champ original d’investigation et une méthodologie novatrice.
Enfin quelques références clefs du travail de JPP sont rappelées, significatives des axes fondamentaux de ses recherches, qui évoluent vers une globalisation en termes d‘anthropologie des connaissances.

Claude Paraponaris : « Actualité de la pensée de Jean-Pierre Poitou »

La présentation de Claude Paraponaris consiste à énoncer la précocité des analyses de Jean-Pierre Poitou en matière de rationalisation des savoirs et des savoir-faire dans l’industrie à partir du milieu du XXème siècle.
Elle prendra appui sur trois textes de Jean-Pierre Poitou qui constituent trois axes majeurs de sa réflexion : L’émergence d’une industrie du logiciel devenant centralité de la rationalisation des savoirs industriels (ouvrage Trente de CAO en France, Paris, Hermès, 1989) ; La réhabilitation de la place et du rôle de la technique dans les dynamiques socioéconomiques (« La gestion des connaissances, comme condition et résultat de l’activité industrielle », Intellectica, vol. 22, n° 1, 1996, p. 185-202) ; La nécessaire anthropologie des connaissances pour comprendre la domination du discours cognitiviste dans cette rationalisation (« Des techniques de gestion des connaissances à l'anthropologie des connaissances », Revue d'anthropologie des connaissances, Vol. 1, n° 1, 2007, p. 11-34).

Les intervenants

  • Danielle Bellan (psychologue), Marie-France Bonnet (psychologue clinicienne, psychanalyste) et Monique Vion (psycholinguiste) ont été membres de laboratoires de psychologie d’Aix-en-Provence.
  • Rigas Arvanitis (sociologue) est directeur de recherche au Ceped (IRD/université René Descartes). Dominique Vinck (sociologue) est professeur à l’Université de Lausanne.
  • Roger Cornu (sociologue) a été, notamment, membre du Laboratoire d’Economie et de Sociologie du Travail (Aix-en-Pce) et du Laboratoire d’Etude sur la Classe Ouvrière (Nantes).
  • A.C. Massabo est ingénieur, il a été Directeur de la R et D chez CISIGRAPH, spécialisée dans le domaine de la Conception Assistée par Ordinateur.
  • Claude Paraponaris est Professeur en sciences de gestion (LEST-AMU).

 

Nombre de places limité, réserver : jocelyne.martiniere-tesson@univ-amu.fr

Séances à venir pour La main pense or 3t

Séances passées pour La main pense or 3t