TDL

Programme ANR TDL : Travail des lycéen·ne·s et trajectoires scolaires

RESUME
Ce programme de recherche regroupe une équipe interdisciplinaire franco-québécoise composée de chercheur·e·s expert·e·s en sociologie et économie de l’éducation et du travail, en sociologie de la jeunesse, en analyse des politiques publiques, en géographie scolaire et en analyse de la conciliation travail-études. Son ambition est d’éclairer un phénomène social encore mal connu en France, le travail rémunéré des lycéen·ne·s, d’en mesurer l’ampleur et d’analyser les conséquences de la conciliation travail-études (CTE) sur les inégalités de trajectoires scolaires et biographiques des lycéen·ne·s. L’objectif de ce programme de recherche est d’explorer la problématique du travail lycéen en France en quantifiant ce phénomène, en analysant les modalités de son développement ainsi que de son évolution et en étudiant ses impacts sur le parcours scolaire et personnels des « lycéen.ne.s laborieux·ses ». La conciliation entre travail rémunéré et études s’inscrit principalement dans l’intersection entre les mondes du travail et de l’éducation et repose mais elle nécessite également une analyse de ses effets sur les trajectoires biographiques des élèves elle-même réinscrite dans la perspective plus large de son encastrement avec d’autres sphères de vie.
 La population cible de cette recherche est constituée d’élèves du secondaire supérieur (lycées) scolarisés dans des établissements d’enseignement général, technologique et professionnel. Les classes enquêtées couvriront les trois années du lycée (seconde, première et terminale) et s’étendront aussi à des populations d’élèves en situation de décrochage scolaire.
Cette recherche inclut un éclairage comparatif québécois. La richesse des travaux scientifiques et des méthodologies qui les étayent autant que l’action publique développée sur les territoires québécois, fondées sur un développement de la CTE bien plus ancien et massif qu’en France, invitent à intégrer un regard comparatif dans cette recherche. Un partenariat avec la Chaire-réseau de Recherche sur la Jeunesse au Québec soutient ce volet qui vise, par des séminaires de recherche communs et une enquête de terrain complémentaire dans une région québécoise, à éclairer le cas français qui demeure l’épicentre de ce projet. Il n’existe à l’heure actuelle aucun travail comparatif sur la CTE des lycéen·ne·s entre France et Québec, c’est également l’une des originalités du projet TDL.

La problématique du projet s'oriente sur 2 interrogations principales, dont découlent 2 hypothèses de travail :

Question 1 : À quelles conditions la CTE contribue-t-elle à favoriser la persévérance ou rendre plus difficile les parcours scolaires des lycéen·ne·s selon leurs origines et leurs conditions socioéconomiques ?

Hypothèse 1 : les élèves des familles les plus défavorisées seraient ceux qui développent la plus forte intensité de travail et s’exposeraient ainsi aux conditions d’emploi dans lesquelles la CTE accroît des situations de vulnérabilité scolaire et sociale et provoque, notamment, des risques plus élevés de décrochage.

Question 2 : La pratique de la CTE contribue-t-elle à développer l’autonomie et les capabilités des élèves ?

Hypothèse 2 : Dans certaines conditions, la CTE renforce les capacités individuelles, la dynamique d’autonomisation et de transition vers l’âge adulte des lycéen·ne·s travailleur·se·s.

Le projet se déploie selon 4 axes de recherche :

Axe 1 : Prendre la mesure du phénomène de la CTE (France)
Il s’agit de circonscrire l’importance de l’activité rémunérée dans l’emploi du temps des lycéenne·s travailleur·es ; identifier les catégories d’élèves les plus concernés ; observer les variations du phénomène selon les territoires et les filières d’enseignement ; mettre en évidence les parcours scolaires des élèves travailleurs.

Axe 2 : Le rapport à la vie professionnelle des lycéens (France-Québec)
Le rapport à la vie professionnelle inclura les rapports des élèves à l’activité, au travail, à l’emploi et au monde professionnel analysé depuis le point de vue des élèves, des employeurs et des intermédiaires de l’emploi.

Axe 3 : Travail lycéen et trajectoire socio-scolaire (France-Québec)
Cet axe développera la question de la CTE dans le monde scolaire et abordera de manière nuancée les effets du travail des élèves sur leurs trajectoires scolaire et sociale en explorant le lien entre intensité du travail réalisé, vulnérabilités familiales et personnelles et risque de décrochage scolaire.
 
Axe 4 : Le travail lycéen en période de crise et de reprise (France-Québec)
L’ampleur de l’éloignement scolaire durant la période pandémique et le ralentissement de l’activité économique formelle et/ou l’amplification de l’activité informelle depuis cette crise nous amènent à interroger leurs effets concrets sur la CTE des lycéens. A ce titre, il importera de mesurer précisément l’impact de ces crises successives sur le volant des emplois non-qualifiés accessibles pour les élèves.